juillet 13, 2012
A la lumière des résultats désastreux du Modem aux élections présidentielles et législatives, cette question mérite d’être posée.
Comment un candidat qui recueille plus de 18 % à la présidentielle de 2007, arrive juste au-dessus de 9% cinq ans plus tard et échoue à se faire réélire en tant que député ?
Pourquoi un parti comme le Modem, rare organisation politique pragmatique à délivrer avec courage une vision juste de la crise et des solutions à apporter n’arrive pas à rassembler tous les désabusés de la politique traditionnelle ? Les déçus de la droite comme tout de la gauche auraient dû en toute logique, rejoindre les positions réalistes et non moins innovantes du centre. Pourquoi cet échec ?
Mathématiquement, la position du centre est la position la plus équilibrée. La position la plus neutre aussi. Le centre n’est ni à gauche ni à droite, il est au centre comme le zéro est au centre des nombres négatifs et positifs. Vu sous cet angle, la position du centre apparait finalement comme une position très isolée. Le nombre zéro est en effet un nombre unique. Il y a mathématiquement un nombre infini de chiffres positifs et négatifs, tous situés à gauche ou à droite du zéro.
Cette approche mathématique du centre caractérise certainement la position du MODEM. Un parti qu’une majorité ne rejette pas mais dans laquelle personne ne se reconnaît vraiment. Trop neutre certainement. Ni marqué à gauche, ni identifié à droite, il n’exerce aucune attraction à sa périphérie.
Et l’attractivité est justement ce qui manque aux partis centristes. Sans renier leurs positions, ils gagneraient en visibilité à élargir leurs zones d’influence à partir d’idées tant de gauche que droite, dont aucun parti ne peut prétendre avoir l’exclusivité, et en les affichant clairement.
Le sectarisme des partis traditionnels tout comme leurs échecs, expliquent en grande partie le désintérêt de nos concitoyens pour la politique.Tout ce qui est étiqueté à droite a toujours été et restera rejeté à gauche, généralement par principe idéologique. De la même manière, lorsque la gauche est au pouvoir, il est d’usage et obligatoire pour la droite de s’opposer. Ces positions nuisent à la mise en commun des idées de chaque camp pour la construction de solutions nouvelles, favorables au rassemblement d’une majorité de citoyens aujourd’hui éparpillés sur tous les bords politique.
Pour atteindre cet objectif et donc réussir, le centre ne peut donc pas se contenter de tenir une position molle qui consisterait sur un même thème à vouloir réaliser une synthèse équilibrée des idées de chaque camp. Le compromis est pour certains négociateurs avisés la pire des positions car elle ne satisfait jamais totalement chaque camp. Il y a pourtant dans chacun d’eux des idées formidables, des forces mais aussi des faiblesses. Les gens de gauche ont une sensibilité sociale plus forte que les gens de droite. C’est un état de fait. Au niveau économique, les politiques de droite se montrent, par réalisme sur la nature de l’homme, plus efficaces que les idéologies de gauche. C’est un autre état de fait.
Plutôt que de s’installer avec les autres dans des guerres de tranchées, le centre politique gagnerait en visibilité à se poser non au centre mais au contraire à se poser comme un parti rassembleur, ouvert à tous ceux, et ils sont nombreux, qui désertent les partis classiques, à tous ceux qui n’y trouvent plus leur compte, à tous ceux qui considèrent que le camp d’en face n’est pas constitué que d’ennemis aux idées à combattre.
Que le centre ait donc le courage d’abandonner cette terminologie plus que neutre pour prendre le drapeau du rassemblement en reconnaissant à la fois le bien fondé de bon nombre d’idées de gauche et de droite sans renier en aucune manière sa ligne directrice marquée par un langage de vérité et une approche pragmatique. Le centre verra alors grossir ses troupes pour sortir enfin de la place statique que lui confère cette position centrale. Il cessera alors d’être constamment éclipsé par ses voisins et pourra alors réussir son envol.
C. Madec.