Walid Oueslati, enseignant chercheur à Angers et responsable de l’association Mossoud (voulant dire indignation en français)  a rappelé les circonstances historiques qui ont mené à cette revendication de démocratie d’envergure, qui interpelle profondément tout défenseur de la démocratie.
Les points communs des pays qui se soulèvent sont la mise en place de régimes autoritaires et sécuritaires où l’état est tourné contre la société. Si des objectifs de progrès social et économique sont fixés, aucun ne l’est en matière de droits de l’homme.

· Walid s’appuie sur l’expérience tunisienne et démonte les mécanismes illusoires du « miracle tunisien », si souvent vanté en occident, grâce à des agences de communication tout entières dévouées à la tâche de vendre ce miracle, grâce aussi à des hommes de médias occidentaux à la botte du président Ben Ali.
Or le progrès ne profite qu’à une très petite frange de la population, avec un nombre extrêmement élevé de jeunes diplômés au chômage, car les rouages de l’essor économique sont des entreprises comme celles du textile qui prospèrent grâce à une main d’œuvre peu qualifiée et exploitée.
L’équité territoriale n’est pas non plus obtenue, seules des niches de développement existent.

· Les moments les plus marquants de cet entretien sont sans nul doute ceux où Walid décrit avec force les processus de destruction de la personne opposante, avec son asphyxie progressive, qu’elle soit insidieuse-impossibilité de trouver ou conserver un emploi, d’obtenir un emprunt ou un permis de construire-, ou directe, avec l’attaque contre les familles, les viols d’épouses et de filles pour faire céder les plus tenaces. Des techniques de « barbouzes » dont l’identification est impossible, interdisant de fait tout recours à la plainte.

· Mais You Tube, Facebook et Twitter , qui diffusent en boucle la vidéo du jeune homme qui s’immole le 17 décembre , puis celles des répressions de Ben Ali, et qui rendent possibles les appels aux manifestations de jour comme de nuit, foyers de révolte simultanés et ininterrompus, qui épuisent l’armée, aideront à renverser le mur de la peur et Ben Ali dans son sillage.
Walid insiste : « Lorsqu’est franchi ce mur de la peur, c’est un feu dans la plaine, incontrôlable».

· Interrogé sur l’état d’esprit des Tunisiens aujourd’hui, Walid qui revient d’un séjour de deux semaines là-bas nous fait part de leur revendication très forte de droit à la dignité et à la prospérité.
« C’est un tournant historique auquel nous assistons », dit-il, « plus rien ne sera jamais comme avant ».
Cette révolte est un rappel de l’Universalité des Droits de l’Homme.

· A la question du soutien que les Tunisiens attendent des Occidentaux, Walid rappelle la nécessité d’humilité de l’Occident, et celle de dénoncer haut et fort la connivence qui a régné au cours de ces années, au nom de la menace islamiste, que l’on renforce pourtant à chaque fois que l’on protège un dictateur.
Le mot scandé à Ben Ali au plus fort de la révolte : « Dégage ! » était un mot français, faisant lien avec la France pays des Droits de l’Homme.
La France continue donc de symboliser le respect d’un idéal de liberté, d’égalité et de fraternité , et elle a, à ce titre, et envers les peuples qui s’inspirent de ce qu’elle a su donner de plus beau, un devoir d’absolue exemplarité.
C’est en cela qu’elle leur offrira son meilleur soutien.

Sylvie Tassin.

Ci dessous  les videos de la soirée

Introduction http://www.dailymotion.com/video/xi6sjw

Partie 1 : Rappel des contextes historiques dans le monde arabe

http://www.dailymotion.com/video/xi70yu http://www.dailymotion.com/video/xi7bhd http://www.dailymotion.com/video/xi7i0v

Partie 2 :  Description du régime de corruption et de répression durant les années 90 – 2000

http://www.dailymotion.com/video/xi9tb6

Partie 3 : La fin du régime Ben Ali à la révolution de 2011

http://www.dailymotion.com/video/xi8upa

Partie 4 : Le rôle de l’islam politique et message d’espoir pour l’avenir

http://www.dailymotion.com/video/xi8uz7